Alimentation des enfants : comment concilier la qualité et l’adaptation à la fonction rénale? 

Par Laura Quenneville, DA  

Sans une alimentation adéquate, la croissance et le développement des enfants peuvent être compromis. Ces deux aspects ne posent généralement pas de problème, si l’enfant satisfait à ses besoins caloriques, n’a pas à suivre de restrictions alimentaires, ne se heurte pas à des difficultés économiques ou sociales, et ne souffre pas de maladies chroniques ou graves. Mais pour certaines familles, la réalité peut être différente lorsqu’il s’agit d’établir le plan nutritionnel « parfait ». Même si tous les enfants peuvent connaître des difficultés alimentaires, un régime sain peut se révéler particulièrement difficile pour un enfant atteint d’une maladie rénale. 

L’enfant atteint d’une MRC peut faire face à des problèmes alimentaires qui, si l’on n’en tient pas compte, peuvent mettre sa vie en danger — l’élévation du taux de potassium sérique, p.ex.. Il est donc essentiel de lui offrir une alimentation équilibrée conforme à ses propres besoins nutritifs. N’oubliez pas que chaque enfant est différent — il devra être évalué par un/une diététiste agréé afin de mieux comprendre ses besoins en fonction de sa trajectoire de croissance et des exigences liées à son diagnostic. 

Comment définir une croissance optimale ou une nutrition optimale ? 

La nutrition est la clé d’une croissance réussie, et on suppose que si un enfant est bien nourri en fonction de son âge, il devrait s’épanouir pleinement. C’est un peu plus compliqué. Les maladies rénales chroniques affectent la production d’une hormone de croissance, ce qui peut ralentir la croissance linéaire des jeunes patients. Il arrive que l’on prescrive à un enfant malade des reins une hormone de croissance en injection pour l’aider à grandir, mais cela ne fonctionnera que si son alimentation est optimale. 

Les médecins et les professionnels de la santé utilisent des tableaux spécifiques pour évaluer la croissance des enfants. Ils examinent leurs besoins nutritionnels pour s’assurer qu’ils s’alimentent bien et tolèrent bien leur alimentation. En grandissant, l’enfant doit commencer à manger une variété d’aliments de tous les groupes alimentaires (légumes, fruits, protéines, produits laitiers, céréales et matières grasses), à des heures régulières de repas (petit-déjeuner, déjeuner et dîner) et à prendre des collations (2 à 3 par jour). En cas de MRC, un enfant peut avoir des restrictions alimentaires variant selon le diagnostic principal et le stade de la maladie. Si une restriction alimentaire est nécessaire, il est important d’en discuter avec l’équipe de néphrologie et le/la nutritionniste afin de s’assurer que votre enfant comble tous ses besoins alimentaires, notamment en calories, protéines, vitamines et sels minéraux. Car une simple carence peut en entraîner une autre et avoir éventuellement un impact sur la croissance. Elle peut même affecter l’état de santé général de l’enfant, voire sa fonction rénale résiduelle.  

Les restrictions alimentaires peuvent également avoir un impact sur des systèmes comme la fonction gastro-intestinale. Un régime pauvre en potassium, par exemple, peut réduire l’apport en fibres – associé à un apport en liquides limité, la constipation peut devenir un problème ou s’aggraver si elle est déjà présente. Un régime faible en potassium et en phosphore peut diminuer l’apport en calcium et en vitamine D puisque la consommation de produits laitiers est limitée. Ces micronutriments sont importants pour la santé des os et cruciaux pour un être humain qui grandit! De plus, les restrictions alimentaires peuvent s’avérer plus délicates, si votre enfant souffre d’allergies alimentaires et/ou s’il est difficile à table. 

Maladie rénale chronique et consommation de sodium chez l’enfant 

On trouve du sel ajouté à la plupart des produits alimentaires commerciaux et transformés, ainsi qu’aux produits de boulangerie et de pâtisserie. Déjà que l’on peut facilement dépasser les apports quotidiens recommandés seulement avec ces aliments, imaginez si on sale les plats! Limiter l’apport en sodium peut s’avérer nécessaire si votre enfant souffre d’hypertension, de syndrome néphrotique, de rétention d’eau ou s’il est traité par dialyse. Généralement, on vous demandera d’éviter le sel de table, de limiter les aliments transformés et les repas au restaurant. Pour surveiller la consommation de sel, commencez par lire les étiquettes nutritionnelles — essayez de cibler des achats avec un maximum de 10 à 15 % de sodium par portion. Ce pourcentage devrait donc être plus faible pour votre enfant. Pour plus de conseils sur une alimentation faible en sodium, consultez notre article de blog : Stratégie de Santé Canada pour une saine alimentation – pourquoi il est important de diminuer votre apport en sodium. Notez qu’un enfant sous dialyse péritonéale ou souffrant d’une maladie rénale entraînant un débit urinaire plus important peut avoir besoin d’un apport supplémentaire en sodium. Pour être sûr et certain que les besoins spécifiques de votre enfant en sodium sont satisfaits, consultez votre équipe médicale en néphrologie! 

La nutrition d’un enfant devrait être simple et agréable, mais elle peut s’avérer complexe et frustrante!  N’hésitez pas à communiquer avec l’équipe soignante pour discuter de vos préoccupations ou poser des questions. 

Des sites intéressants à consulter :  

  1. https://www.myrenalnutrition.com/dietary-principles (en anglais seulement — des vidéos à montrer à vos enfants, des recettes et un jeu) 
  1. https://www.kidneycommunitykitchen.ca/fr/recettes (pour plus de recettes) 

Références  

  1. Desloovere, A., Renken-Terhaerdt, J., Tuokkola, J. et al. The dietary management of potassium in children with CKD stages 2–5 and on dialysis—clinical practice recommendations from the Pediatric Renal Nutrition Taskforce. Pediatric Nephrology 36, 1331–1346 (2021). https://doi.org/10.1007/s00467-021-04923-1 
  1. Nelms, C.L., Shaw, V., Greenbaum, L.A. et al. Assessment of nutritional status in children with kidney diseases—clinical practice recommendations from the Pediatric Renal Nutrition Taskforce. Pediatric Nephrology 36, 995–1010 (2021). https://doi.org/10.1007/s00467-020-04852-5 
  1. McAlister, L., Pugh, P., Greenbaum, L. et al. The dietary management of calcium and phosphate in children with CKD stages 2-5 and on dialysis—clinical practice recommendation from the Pediatric Renal Nutrition Taskforce. Pediatric Nephrology 35, 501–518 (2020). https://doi.org/10.1007/s00467-019-04370-z 
  1. Shaw, V., Polderman, N., Renken-Terhaerdt, J. et al. Energy and protein requirements for children with CKD stages 2-5 and on dialysis–clinical practice recommendations from the Pediatric Renal Nutrition Taskforce. Pediatric Nephrology 35, 519–531 (2020). https://doi.org/10.1007/s00467-019-04426-0 
  1. Texas Children’s Hospital, Pediatric Nutrition Reference Guide, 13th edition