Biodisponibilité du phosphore – Quelle quantité de phosphore absorbons-nous à partir de différents types d’aliments ?  

Soumis par Emily Campbell, Dt. P., ÉAD, M. Sc. Alimentation 

Présent dans les aliments que nous consommons, le phosphore est un minéral important pour la solidité et la santé des os. Mais en cas de maladie rénale chronique (MRC), un excès de phosphore peut entraîner des démangeaisons cutanées, des douleurs articulaires et une perte du calcium des os qui va les fragiliser. Normalement, les reins se chargent de filtrer les minéraux comme le phosphore, le sodium et le potassium. En cas de MRC, les reins ne sont plus en mesure de filtrer les minéraux comme ils le devraient, ce qui entraîne une accumulation de ces minéraux dans le sang. 

Si vous souffrez d’une MRC, il est important de contrôler le taux de phosphore dans votre organisme. Il existe trois types de phosphores différents dont il faut tenir compte. Le corps absorbe chacun d’entre eux différemment, et il faut donc choisir judicieusement leurs sources. 

Les phosphates (ou additifs phosphorés)  

On trouve des phosphates (additifs phosphorés) dans les aliments conditionnés et transformés comme les produits de boulangerie (gâteaux, muffins, etc.), les entrées ou les produits protéinés congelés, les repas emballés, les craquelins et les boissons non laitières. Le corps absorbe de 90 à 100 % des additifs phosphorés (1, 2), il est donc important de les éviter à tous les stades de la MRC.  

Parmi les nombreux additifs phosphorés, les plus courants sont l’acide phosphorique, le phosphate de sodium et le phosphate monocalcique. Les phosphates sont identifiés dans la liste des ingrédients par les PHOS. 

Sources animales 

Le phosphore présent dans la viande et les produits laitiers est absorbé plus difficilement par l’organisme, entre 30 et 80 %, que les additifs phosphorés, à 90-100 % (réf. 1, 4, 5). En cas de MRC, on recommande souvent de réduire les protéines animales afin de préserver la fonction rénale. Ce qui permet du même coup de gérer le phosphore, car les repas contenant de grandes quantités de protéines animales peuvent faire grimper le taux de phosphore. 

Pour vos repas, essayez de limiter les portions de protéines animales à 2,5 à 3 onces, ce qui correspond à peu près à la taille d’un jeu de cartes. 

Sources végétales 

Les aliments d’origine végétale ont le plus faible taux d’absorption par rapport aux autres sources de phosphore. Parmi ces produits figurent les noix, les graines, les légumineuses, les haricots et les céréales complètes. On estime que les sources végétales de phosphore sont assimilables entre 20 et 40 % (1, 3, 4). C’est l’une des raisons pour lesquelles—dans un régime indiqué pour les reins—les plus récentes recommandations incluent les céréales complètes et les protéines d’origine végétale.

Essayez de consommer un repas végétarien par jour pour vous aider à contrôler vos niveaux de phosphore. 

Conclusion 

Gérer le phosphore dans son alimentation est une tâche complexe lorsqu’on est atteint d’une MRC. La gestion et la réduction du phosphore qui commencent dès les premiers stades se poursuivront jusqu’aux traitements de dialyse. La collaboration avec un.e diététiste peut vous aider à maintenir vos taux de phosphore dans les limites fixées. 

Ce tableau indique l’absorption du phosphore par l’organisme selon les différentes sources. 

Source alimentaire Absorption Aliments  Exemple 
Origine végétale  20 – 40 % Pois chiches, lentilles, noix, graines Pois chiches (½ tasse) 146 mg dont 29 mg – 58 mg absorbés 
Origine animale 30 – 80 % Poulet, poisson, bœuf, œufs, lait, yoghourt, fromage Poulet (75 g) 160 mg dont 48 mg – 128 mg absorbés 
Additifs phosphorés 90 – 100 % Aliments avec PHOS dans la liste d’ingrédients (p. ex, sodas foncés, certains craquelins, céréales ou aliments conditionnés)  

Références: 

 1. Kalantar-Zadeh  K, et al. Understanding Sources of Dietary Phosphorus in the Treatment of Patients with Chronic Kidney Disease. CJASN. 2010, 5 (3) 519-530. 

2. D’Alessandro, C., Piccoli, G.B. & Cupisti, A. The “phosphorus pyramid”: a visual tool for dietary phosphate management in dialysis and CKD patients. BMC Nephrol. 2015, 16 (9).  

3. St-Jules, D. E., Jagannathan, R., Gutekunst, L., Kalantar-Zadeh, K., & Sevick, M. A. Examining the Proportion of Dietary Phosphorus From Plants, Animals, and Food Additives Excreted in Urine. Journal of renal nutrition. 2017, 27(2), 78–83. 

4. Rose SD, Strombom AJ, et al. A Plant-based Diet Prevents and Treats Chronic Kidney Disease. JOJ Urology and Nephrology. 2019, 6 (3). 

5. Calvo MS, Moshfegh AJ, Tucker KL. Assessing the Health Impact of Phosphorus in the Food Supply: Issues and Considerations. Adv Nutr. 2014, 5(1), 104-13.